La liberté (2)

Publié le par ASP385

Pour le pouvoir la liberté engendre aussi une difficulté parce que le peuple pourrait se mettre à choisir, à décider par lui-même, à demander d’être responsable. Il a donc trouvé un stratagème pour éviter cet écueil.

 

Une construction historique

 

Pour le peuple avoir une liberté engendre une responsabilité. Cette responsabilité repose sur les conséquences de son utilisation. Il faut être capable de s’auto-censurer au regard de la liberté d’autrui que nous n’avons pas le droit de limiter au risque de en plus pouvoir vivre ensemble. En effet ne pas tenir compte de l’expression de la liberté de l’autre lorsque nous exprimons la notre peut engendrer la construction d’un rapport de force entre nos deux libertés. Du rapport de force nait une hiérarchie et à terme des conflits. La continuité de la liberté repose sur son respect intuitif au regard d’un idéal de partage, de solidarité et d’échange.

 

Un problème se pose donc au pouvoir centralisé  : comment s’assurer que chacun puisse exprimer sa liberté sans qu’il n’y ait création de conflit(s) au sein de la société qu’ils dirigent. (Notez que vous supprimez le problème en supprimant ce type de pouvoir). Il fallait donc définir les modalités de l’utilisation de liberté.

Mais les gouvernants ont posé un postulat qui a tué dans l’œuf nos libertés et ce depuis le début (1789) : le citoyen s’il avait à utiliser seul sa liberté ne serait pas raisonnable. Et ce parce que les citoyens sont incapables de s’entendre parce qu’incapable de comprendre les choses complexes qui attraient à la gestion d’un état et ont donc des avis simplistes. Les citoyens ne sont attirés que par la violence et préfèrent mettre en exergue ce qui les oppose plutôt que ce qui les rapproche.

De ce postulat émerge une idée : le pouvoir est composé de gens qui savent ce qui est bon pour le peuple, alors le pouvoir décidera en lieu et place des citoyens (déraisonnables). Il revient donc à nos gouvernants de nous, citoyens, protéger de nous même, citoyens.  Dès lors il est convenu, puisque cette idée a fait son chemin, que seule la loi peut définir les modalités de l’expression de nos libertés. Il reviendra alors au pouvoir de définir ce qui sera raisonnable.

 

La liberté est donc dès le moment où elle est envisagée, limitée par ceux qui la mettent en place. De là va naître le concept de liberté républicaine : soumise à l’esprit de ceux qui savent pour palier à l’esprit de ceux qui ne savent pas. Et pour faire « passer la pilule » le concept de sécurité est avancé : pour la sécurité de tous, la liberté de chacun va être restreinte. Cette logique ravira ceux qui préfèreront avoir une vie uniquement heureuse plutôt qu’une vie qui a du sens (et parfois être heureux). Ceux qui prônent la sécurité plutôt que la liberté se trahissent facilement : ce sont ceux qui vous disent : « peut m’importe les contrôlent, je n’ai rien à cacher alors je veux bien tout montrer ».

La restriction de la liberté par la loi est vendue comme une règlementation des échanges entre citoyens. Cette règlementation des échanges doit permettre d’organiser la liberté  de tous pour que chacun puisse être libre de la même manière. L’égalité des hommes devant la loi, doit garantir leur égalité face à la liberté.

Le problème de la liberté est qu’elle crée des tensions du fait qu’elle crée de l’incertitude puisqu’elle oblige à faire des choix, à prendre une responsabilité. Si l’on considère qu’en effet les individus ne sont pas à même de faire des choix pour eux même et ce de manière « bonne » : c’est qu’ils sont inégaux devant la liberté. Alors l’état devient l’indispensable garant de la liberté, de la protection de ceux qui ne pourraient pas penser et agir comme il le faudrait.

Mais, même si l’on accepte cette corrélation entre liberté et incertitude, en quoi l’état et ses réponses règlementaires vont-ils lever les incertitudes pour les individus ? Tout ce que va apporter la loi, c’est la disparition de la liberté au profit du droit. La loi ne rend pas les hommes plus égaux face à la liberté, elle nie la liberté pour rendre les hommes égaux face à la loi. La loi autorise : c’est dans sa nature d’être liberticide. La loi ne résout rien quand à la gestion de la liberté. La loi interdit, permet mais n’empêche pas. Croire en une sécurité législative est un leur,  parce que l’équilibre liberté/sécurité nait de ce que veut chaque individu : de la construction d’un système de valeur qui lui est propre et qu’il partage avec d’autres. Croire en une sécurité législative est un leur parce que la loi n’a pas d’influence sur la liberté, uniquement sur le droit, dès lors les hommes qui voudront utiliser leur liberté le pourront et puisque la loi ne peut pas proposer de solution quand à la construction d’une égalité face à la liberté alors c’est l’inégalité qui prévaudra. Il me semble que l’égalité face à la liberté ne peut se construire qu’au travers l’éducation.

 

Le postulat qui fait du citoyen, un objet social dénoué de bon sens et pour qui il faut mettre en place une structure garantissant son bien être et définir sa « liberté » me semble fallacieux et n’être, en fait, qu’un argument construit a posteriori pour justifier de l’existence de l’état et de ses logiques coercitives. Une fois exclu les formes de pathologie, l’éducation peut apporter des solutions à cette appréhension de la liberté. Pour tout un chacun l’intégration de la compréhension des libertés repose sur l’éducation. En somme si l’éducation est bien faite, les autres seront au sein de la pensée de tous et donc l’égalité devant la liberté se fera plus présente. (Mais dans ce cas là, l’état perdrait sa mission régalienne principale qu’est la protection des populations, puisque nous serions garant de ces bonnes relations.).

Au regard du système actuel, qui est centré sur le droit et non sur la liberté, je me pose uen question : pourquoi le citoyen (au sens large) a-t-il accepté que l’on puisse décider pour lui et reconnaitre que lui et ses semblables ne sont pas assez intelligents pour faire des choix les concernant, a-t-on construit une éducation non émancipatrice qui fait croire au citoyen en son absolue et nécessaire soumission au système ?

Publié dans poli-tic

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